« Alors s’étant relevé, et ne voyant plus que la femme, Jésus lui dit : Femme, où sont ceux qui t’accusaient ? Personne ne t’a-t-il condamnée ? Elle répondit : Non, Seigneur. Et Jésus lui dit : Je ne te condamne pas non plus : va, et ne pèche plus ».
Cette citation est tirée de l’Evangile selon Jean, chapitre 8, versets 10 et 11. Beaucoup, même ceux qui ont tiré un trait sur leur vie religieuse, connaissent cette histoire, celle de la femme adultère. Dans son ministère sur terre, il est arrivé à Jésus-Christ, à plusieurs reprises d’ailleurs, d’être questionné par les scribes et les pharisiens qui cherchaient à le prendre au piège afin de le faire condamner.
Jésus enseignait dans le temple quand on lui amena une femme surprise en flagrant délit d’adultère. Les scribes et pharisiens demandèrent à Jésus s’il fallait la lapider selon les prescriptions de la loi de Moïse. Jésus s’étant mis à écrire par terre, ils continuaient de le questionner. Et la réponse de Jésus-Christ glaça toute l’assistance. « Que celui de vous qui est sans péché jette le premier la pierre contre elle ». Là dessus, le temple se vida, et il n’y eût plus personne pour accuser la femme adultère.
Les scribes, pharisiens, docteurs de la loi et autres dignitaires qui voulaient la mort de la femme adultère étaient tous coupables, chacun d’un péché quelconque. Raison pour laquelle, nul d’entre eux n’a eu le courage de jeter la pierre contre elle. C’est ce qui se passe au Togo.
Dans le scandale de riz impropre à la consommation déversé sur un dépotoir dans la banlieue de Lomé, nul n’a osé jeter le premier la pierre à la Brasserie BB Lomé, encore moins à M. Thierry Feraud, son Directeur Général. En dehors des organisations de défense des droits des consommateurs dont la Ligue des consommateurs du Togo (LCT), et quelques tweets plus ou moins d’anonymes, aucune voix ne s’est levée pour condamner « cet acte attentatoire à la santé publique », pour citer Dr Tsolenyanu Gilbert, SG du Synphot.
Dans une note conjointe signée par les ministres Rose Kayi Mivedor (en charge du commerce et de la consommation locale), Calixte Batossie Madjoulba (en charge de la sécurité et de la protection civile) et Tchin Darre (en charge de la santé et de l’hygiène publique), il était simplement question du caractère nocif des produits. Nos chers ministres se sont contenté d’exhorter les populations « à faire preuve de vigilance et à signaler toute tentative de commercialisation de ce riz aux autorités compétentes ». Menaçant de sanctions les contrevenants.
Comme au temps de Jésus-Christ, M. Thierry Feraud et sa société n’ont pas été inquiétés. Personne n’a osé jeter le premier la pierre. Certainement « accusés par leur conscience », à l’image des scribes et pharisiens. Pourquoi condamner cette peccadille quand l’on se rend coupable de faits gravissimes !
Mais sur la « Terre de Nos Aïeux », on est allé plus loin. On ne s’est pas contenté de disculper les auteurs, de les rendre blancs comme neige. Après sa démission qui serait, à ses dires « un choix de vie familiale », le DG de la BB Lomé a eu droit au tapis rouge. Réception par la cheffe du gouvernement, dîner d’adieu, et sans doute des déclarations flatteuses, etc. Qu’il est bon de pécher au Togo !
Si la femme adultère devrait être jugée par nos contemporains, ils en auraient fait une déesse, parce que sa faute était moins pesante.
Thierry Feraud aurait du s’assurer que le riz impropre à la consommation soit effectivement incinéré dans les conditions requises. En n’y veillant pas, il a peut-être fauté. « Allez, et ne péchez plus ». (source: Les coulisses du consommateur)